jeudi, octobre 2, 2025
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Multipropriété : les députés veulent réformer le football français

Des parlementaires veulent interdire la multipropriété des clubs pour garantir une compétition plus juste et préserver l’identité du football français.

La multipropriété des clubs de football en France dans le viseur des députés

Depuis plusieurs années, la question de la multipropriété dans le football revient régulièrement sur la table. Ce système, qui permet à un investisseur de détenir plusieurs clubs en même temps, est aujourd’hui au cœur d’une proposition de loi à l’Assemblée nationale. Des élus de différents bords politiques estiment qu’il menace l’équité sportive et dénature l’esprit du football français.

Qu’est-ce que la multipropriété ?

Concrètement, la multipropriété signifie qu’un même groupe ou investisseur contrôle plusieurs équipes, parfois dans différents pays. Cela permet de mutualiser les ressources, de faciliter les transferts internes et de développer une stratégie globale à l’échelle internationale. Mais cette pratique pose problème : comment garantir que deux clubs appartenant au même propriétaire restent concurrents loyaux lorsqu’ils se rencontrent sur le terrain ?

En Europe, près de 230 clubs sont concernés par ce système, et la France n’y échappe pas. Des équipes comme Strasbourg, Nice ou Troyes ont déjà été intégrées dans des réseaux détenus par des grands groupes étrangers.

Une proposition de loi pour protéger l’équité

Le député Éric Coquerel, président de la commission des finances, a déposé une proposition de loi visant à interdire la multipropriété en France. Soutenu par une centaine de parlementaires, il considère que le football doit rester une compétition où chaque club défend uniquement ses couleurs et ses supporters, sans influence extérieure.

Le texte prévoit :

  • Une interdiction claire de la multipropriété pour les clubs professionnels français.

  • Des sanctions financières lourdes, pouvant atteindre 2 % du chiffre d’affaires mondial du propriétaire en cas d’infraction.

  • Un rôle renforcé pour la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion), qui pourrait bloquer ou invalider certains rachats jugés contraires à l’intérêt du football.

L’objectif affiché est de rendre aux clubs leur indépendance et d’éviter que certains deviennent de simples “réservoirs” de joueurs au service de structures plus puissantes.

Les enjeux pour les clubs et les supporters

Pour les partisans de la réforme, il s’agit avant tout de préserver l’équité sportive. Quand un club comme Strasbourg est intégré dans le réseau de Chelsea, les supporters s’interrogent : leur équipe reste-t-elle un concurrent indépendant, ou devient-elle un satellite au service d’un grand frère anglais ?

L’identité locale et la fierté des supporters risquent d’être diluées si les décisions stratégiques viennent de l’étranger. En interdisant la multipropriété, la France souhaite protéger les petites équipes et éviter que les compétitions nationales ne soient biaisées.

Des obstacles juridiques et économiques

Toutefois, cette initiative n’est pas sans difficultés. Le droit européen garantit la liberté d’investissement, et une interdiction nationale pourrait être contestée devant la justice européenne. De plus, certains clubs français déjà intégrés à des groupes internationaux pourraient être fragilisés si la loi entrait en vigueur trop brutalement.

Certains observateurs craignent aussi que la mesure freine l’arrivée de capitaux étrangers, alors que de nombreux clubs souffrent encore de difficultés financières. Trouver l’équilibre entre ouverture aux investisseurs et protection de l’équité sportive sera donc déterminant.

Et maintenant ?

Le débat ne fait que commencer à l’Assemblée nationale. Si la proposition de loi est adoptée, elle marquera un tournant majeur dans la gouvernance du football français. La France deviendrait alors l’un des premiers pays européens à prendre une position ferme contre la multipropriété.

Reste à savoir si les obstacles juridiques et la pression des investisseurs ne freineront pas cette réforme. Quoi qu’il en soit, la question met en lumière une problématique centrale : dans un football mondialisé et dominé par l’argent, comment préserver l’indépendance et l’authenticité des clubs qui font battre le cœur des supporters ?

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